La
direction ne veut toujours rien entendre sur ce sujet. Les échanges tournent
très rapidement au dialogue de sourd et n’ont aucun intérêt tellement la
direction est campée sur sa vision qu’on sait aujourd’hui créatrice de mal
être et de trop nombreux départs de la société. Mais rien n’y fera, et vos
élus CFDT participent à la rédaction d’un avis reprenant les points
importants de l’analyse faite par l’expert de l’iCHSCT, convoquée pour
l’occasion.
Le
Rapport de l’expert Syndex indique que les évolutions du référentiel métier,
en créant une nébuleuse avec des sous-niveaux sur chaque qualification, vont
accroitre les tensions existantes relatives au stress au travail, au manque
de perspective, de promotion, d’estime (de la part de la hiérarchie et des
collègues) et très probablement contrevenir à la volonté de fidélisation des
salariés.
Concernant
la découpe de chaque niveau en 2 sous-niveaux A et B, ce n’est pas parce
qu’on découpe en deux chaque marche d’un escalier qu’intrinsèquement on
montera plus rapidement l’escalier ; on fera seulement plus de pas en
dépensant plus d’énergie.
En
mettant l’accent sur les compétences comportementales qui deviennent de plus
en plus subjectives, la direction ne veux-t-elle pas se donner les outils
pour limiter les augmentations, ou quand cela est nécessaire, alimenter les
dossiers de licenciement ?
Ce nouveau référentiel métier va donc être appliqué en force
comme les autres fois sans tenir compte des avis des experts et instances
représentatives du personnel.
Le bateau coule, on perce de nouveaux trous, et on augmente
les dividendes. Tout va bien.
Avis
voté :
« Nous
notons que la direction n'a absolument pas tenu compte de l'avis de l'IC
CHSCT, rendu dans le cadre de la mise en place de ce nouveau référentiel
métier, concernant les risques psychosociaux existants et remontés.
L'expertise
de l'IC CHSCT révèle en effet 48% de
salariés stressés, et la direction ne veut rien faire.
Nous
notons de plus qu'il n'y a pas de prise en compte autre que de forme sur le
référentiel métier.
Le rapport
d’expertise met en évidence un problème de manque de reconnaissance dans
l’entreprise principalement pour 2 raisons :
- le
manque de perspectives de promotion pour certaines populations ;
- le
manque d’estime (de la part de la hiérarchie et des collègues).
Ce
problème a été identifié de façon plus marquée pour les assistantes, les seniors engineers et les techniciens, les
seniors consultants et seniors managers en conseil, le personnel en clientèle
et le personnel en régie. Plus globalement, le rapport pointe à plusieurs
reprises la difficulté qu’ont les personnes ayant plus de 50 ans (voire 40
ans aussi) à se projeter et à envisager de bonnes perspectives de carrière.
Les
métiers d’expertise technique sans dimension managériale n’étant pas
reconnus, offrent peu de perspectives d’évolution.
Il parait
important de relever que les femmes
ont davantage exprimé le fait d’être stressées, et que sur de nombreuses
questions, elles pointent un manque de reconnaissance et d’adéquation de leur
emploi repère avec leurs tâches. Il y a lieu de s’interroger sur ce décalage
de réponse par rapport à l’ensemble des répondants, au-delà de la nature de
l’emploi occupé.
L’équilibre entre la vie
professionnelle et la vie personnelle est impacté par le travail de veille qui est indispensable aux
salariés pour l’entretien de leurs compétences (pour 73% des répondants),
mais qui se fait majoritairement à leur initiative et trop souvent sur leur
temps personnel.
Le rapport
d’expertise rappelle le lien entre
manque de reconnaissance et stress qui peut avoir des conséquences graves
sur la santé. Un débordement trop marqué du travail sur la vie personnelle
est un marqueur de suractivité et peut dégrader la qualité de la vie au sens
large.
Sur cette
demande de filière d'expertise, la direction répond valorisation et
communication et voilà.
Sur ce
point, le CE considère que la direction ne veut pas valoriser réellement le
métier d'expert technique.
Sinon la
direction n'aurait par exemple pas nommé le métier SB3 "manager",
mais "expert technique".
Rien n'est
fait sur le sujet.
Concernant l'introduction de 2 stades A et B pour chaque niveau
:
- Au fond,
comment un salarié et un manager
peuvent-ils évaluer à quel stade A ou B le salarié se situe et à quel
moment il pourra passer au stade supérieur ?
- Au fond,
il n'y a aucune information sur la méthode utilisée à la mise en place du
nouveau référentiel métier pour répartir les salariés entre les stades A et
B. Aucune notion n'est claire quant à la répartition des salariés. La répartition sera faite au doigt
mouillé.
- Au fond,
nous n'avons aucune projection sur la
future répartition des salariés actuels dans ces Niveaux et Stades.
- Au fond,
il y a un réel risque de rétrogradation des salariés.
- Au fond,
il y a et il y aura une réelle difficulté pour un salarié d’évoluer au-delà
du niveau 2.
Finalement,
créer deux stades A et B au sein de chaque niveau est à notre sens inopérant
sur les solutions à apporter à ce goulot d’étranglement.
Nous avons
envie de citer l'expert CE 2018 : "Ce n’est pas parce qu’on découpe en
deux chaque marche d’un escalier qu’intrinsèquement on montera plus
rapidement l’escalier ; on fera seulement plus de pas en dépensant plus
d’énergie."
Concernant le lien avec la convention collective des bureaux
d'études :
- le
nouveau référentiel métier présente plus de viscosité que la convention collective.
- les critères flous entraineront un
maintien à long terme dans un niveau donné.
- aucun lien n'est fait avec une échelle de
rémunération au-delà de celle de la convention collective. Comment
expliquer que l'on puisse monter en compétence et en technicité sans
revalorisation salariale ?
- nous
notons une corrélation irrégulière entre le référentiel métier et la
convention collective. Par exemple : 3 niveaux pour les I3.1 et un sous
niveau pour les I2.2.
In fine, les élus constatent une vitesse de progression totalement
inconstante entre les niveaux : plus on monte dans le référentiel métier,
plus la progression est rapide, ce qui est à la fois contre intuitif et
contre-productif. Les
espoirs de progressions des bas niveaux sont vite douchés. La direction
devrait s'interroger sur la corrélation entre ce sujet et les départs rapides
des salariés nouvellement embauchés.
Les élus demandent à développer des parcours d’expertise
technique pour répondre aux besoins d'évolutions, décorrellés de fonctions
managériales. Encore une fois, rien n'est fait sur ce sujet.
Les
quatre-vingt-dix-sept compétences comportementales ne peuvent être évaluées
de manières objectives, parce que non mesurables.
Au fond, certaines compétences comportementales dans le
référentiel métier sont en fait des compétences techniques qui doivent être
traitées en tant que tel. Les autres n'ont pas leur place dans un référentiel
métier.
En conclusion, le CE est
dans l'obligation de rendre un avis négatif sur le nouveau référentiel métier
et alerte la direction sur les risques psychosociaux et économiques entrainés
par sa mise en place.
C'est un
référentiel métier conçu pour les structures et pour les chefs (15%), et non
pour les développeurs et les testeurs qui représentent le cœur de production
et 85% de l'entreprise. »
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