Déclaration CFDT faite au CSE extraordinaire du 7 novembre 2024 devant le Directeur Général et
le Directeur Financier du Groupe :
« La
direction nous a expliqué plusieurs fois être à l’écoute de l’expertise de la
CFDT, 1er syndicat de France. La CFDT espère donc enfin être
entendue.
L’inflation
annuelle en 2022 s’est établie à 5,2 % et en 2023 à 4,9%, soit plus de 10% en 2
ans. L’inflation devrait être de 2,5 % en 2024. La hausse a beau ralentir, les
prix augmentent toujours.
Pourtant,
selon l’OCDE, la France est l’un des pays où la croissance des salaires est la
plus faible.
Le
SMIC augmente de 2%, mais la direction de Sopra Steria refuse toute
augmentation identique des salaires.
Par
contre, entre 2021 et 2023,
les 10 plus hauts salaires SSG se sont augmentés en moyenne
de 100 000€ chacun (sur le salaire annuel) ! soit
+25% en 2 ans !
Pour certains salariés,
trop nombreux, ça a été zéro !
Pour quelques
autres, plus chanceux, les augmentations ont été de 2,95% en 2022 et 3,6 %
2023, ce qui est loin de compenser l’inflation.
Le pouvoir
d’achat, ou le « salaire réel » comme dit l’INSEE, des salariés de
Sopra Steria est en réduction constante. Pour le même travail, les salariés de
SSG ont donc moins pour vivre.
En France, la
baisse du chômage en 2022-2023 et les difficultés de recrutement dans les
entreprises auraient dû aider aux augmentations salariales. Ce n’est toutefois
pas ce qu’il s’est produit. Si les salaires avaient suivi l’inflation depuis
2020, le taux de marge des entreprises aurait dû baisser.
Or, c’est
l’inverse qui s’est produit : les marges ont augmenté et les salariés ont
payé la hausse des coûts de production (notamment du prix des matières
premières, y compris énergie) au point que les salaires réels diminuent.
En clair,
les profits ont augmenté davantage que les salaires et le partage de la valeur
ajoutée s’est déformé au détriment des travailleurs.
Les salaires
supérieurs au Smic sont régulièrement rattrapés par la hausse du salaire
minimum due à l’inflation. Cependant, les salaires bénéficient jusqu’à 3,5 fois
le Smic de dispositif de baisse de cotisations qui sont autant de
subventions socio-fiscales. En France, un nombre croissant de travailleurs
entre dans ces dispositifs de subvention aux bas salaires, ainsi que dans la
prime d’activité. La faible dynamique salariale n’est donc pas prise en charge
par les employeurs, mais par la solidarité nationale. Or, comme les salaires
n’ont pas augmenté (en termes réels) entre 2019 et 2024, c’est la
collectivité qui a payé, les bénéficiaires étant les employeurs, qui
reportent le coût des faibles salaires sur l’État. L’État, c’est les impôts, et
les impôts sont prélevés sur les salaires… ce sont encore les salariés qui
paient.
Le taux de
marge des entreprises a augmenté et les grands groupes affichent des résultats
records.
L’entreprise
Sopra Steria Group « performe » et ne créé pour autant pas
d’emploi ! L’effectif est désespérément stable, malgré les acquisitions
sur ces 3 dernières années.
Les sociétés
du CAC40 affichent pour la première fois un total cumulé de résultats nets
(leurs bénéfices) supérieur à 150 milliards d’euros, et pour la 3ème année
consécutive des résultats supérieurs à 100 Mds€ (144 Mds€ en 2023). Plus de 70
Mds€ devraient être reversés aux actionnaires sous forme de dividendes (67 Mds€
en 2023). Les rachats d’actions (un outil servant à augmenter le dividende par
action) devraient aussi se poursuivre : ils avaient déjà atteint le niveau
record de 30 Mds€ en 2023.
Clairement,
il y a des fossés qui se creusent dans le partage de la valeur, dans la
redistribution des richesses et dans le financement de nos systèmes de
solidarité. La faible croissance de la masse salariale entraine moins de
cotisations sociales, moins de consommation et moins de recettes fiscales (TVA
par exemple).
Les
augmentations salariales et la préoccupation du pouvoir d’achat restent la
revendication première des salariés. Les augmentations salariales des deux
dernières années (2023 et 2024) n’ont pas rattrapé la perte de pouvoir d’achat
dans cette période de forte inflation.
La CFDT demande plus de transparence.
Dans les
années 1980, les pratiques des entreprises ont évolué en matière de
rémunération en mettant l’accent sur l’individualisation des rémunérations au
détriment d’une grille avec des augmentations générales. On peut constater que
plus les pratiques salariales se sont diversifiées entre les employés, plus la
transparence s’est perdue.
À travail
égal, salaire égal. Il a été fait des lois. Il a été créé un index pour mesurer
l’égalité professionnelle. Et malgré tout, on continue d’avoir des inégalités
de salaires notables.
Ce n’est pas
la transparence qui pose problème, mais plutôt l’opacité et l’incompréhension
de la politique de rémunération ainsi que le manque d’objectivité. C’est
l’incapacité à expliquer clairement comment les salaires sont déterminés et que
l’employeur assume ses propres décisions qui sont sources de conflits et qui
nourrissent des ressentis négatifs des salariés envers leur entreprise au lieu
de s’y identifier (cf. les résultats du sondage GreatPlaceToWork). Être juste
et équitable : il ne suffit pas de l’affirmer, il faut le prouver.
Les
Négociations Annuelles Obligatoires (NAO) 2025 se sont conclues, après une
unique réunion, sur un refus catégorique à toutes les propositions de la CFDT.
La
direction refuse toute transparence, et refuse même de donner les augmentations
qu’elle envisage, contrairement à ce que la loi impose.
La CFDT demande une
augmentation générale
pour compenser l’inflation et rééquilibrer les salaires.
La CFDT demande que la
direction donne la journée de solidarité pour tous les salariés, qu’ils
puissent profiter de leurs jours de repos largement mérités.
La CFDT demande un geste
fort de la direction envers les salariés qui font la richesse de l’entreprise.
Ceci, à la hauteur des 100M€ de dividendes versés et des 150M€*
de trésorerie dépensés pour racheter les actions et les détruire, afin
d’enrichir les actionnaires. »
* (pour
en savoir plus 150 Millions sortis de Sopra Steria...pour engraisser
les actionnaires !)
Sans oublier l'augmentation des prix de vente
de +4,4% en France pour Conseil et Intégration... Alors que les salaires c'est
moins de 3% ! : voir : Résultats
économiques du groupe SSG du 3ème Trimestre 2024 - Encore 4,4% de plus sur les
prix de vente, et rien pour les salariés!!!