Comme chaque année, Sopra Steria nous a gratifiés de sa grand-messe annuelle. Dans la plus pure tradition, le Kick Off annuel s'est tenu dans le faste d'un Palais des Congrès, agrémenté de grands buffets, de mets somptueux et d'hébergements dans des hôtels luxueux (4 et 5 étoiles). Un timing de Kick Off particulièrement savoureux dans une année marquée par :
- le maintien de la rentabilité,
- des augmentations misérables (pour ceux qui en ont une)
- les départs "naturels" de collègues jugés trop "coûteux" ou pas assez "rentables" [le kick out qui précède le kick off] selon les standards de notre chère direction.
Petit florilège de ces deux jours où les paradoxes n'ont cessé de s'accumuler.
Jour 1 : Le sermon du haut de la montagne
Le DG, Cyril Malargé, nous a offert un discours d'ouverture tout en nuances : l’année 2024 a été « résiliente » [traduction : décevante], avec une « baisse très sensible » du chiffre d'affaires au T4 [traduction : pas terrible]. Toutefois, les équipes et les responsables des pays sont chaleureusement félicités [les applaudissements, c'est bien, les augmentations, c’est mieux !].
Il poursuit en déclarant que l’année 2025 sera « l’année de combats et de construction » [heu possible ça ?] ... Pour commencer « ce qui était acceptable ne l’est plus » [un combat… contre nous-mêmes]. Ensuite, il faut retrouver de la croissance « pas de croissance, pas de marge ; pas de marge, pas de transformation ; pas de transformation, pas de projet à long terme » [ça ressemble à un cercle vicieux, comment va-t-on s’en sortir ?], « assumer la prise de risques et aller chercher la croissance où elle est ! » [ah oui, sacrée reconstruction… Bon, les promesses n’engagent que ceux qui…]. « La France a pris des décisions qu’il faut mettre en œuvre » [gloups].
Il indique aussi qu’il faut relancer le Conseil en favorisant la proximité client et les objectifs business, tout en étant connecté aux autres Verticaux [incroyable ... n’est pas déjà le cas ?].
Concernant la situation RH, il précise qu’elle n’est pas bonne [étonnant !]. Les managers sont de qualité, oui les salariés sont compétents aussi, mais Sopra Steria a des difficultés à recruter des gens talentueux et il y a un problème critique sur la Pyramide des âges [les salariés expérimentés vont raser les murs…]. La moyenne d'âge était de 38 ans en 2020, elle est de 39,2 ans 5 ans après (avec 1 entité flashée à plus de 44 ans !) [la DG qui ne dit pas son nom …]. De plus, l’enquête GPTW a remonté un index de confiance en net retrait [pas étonnant ! Plus forts que GPTW, les représentants du personnel CFDT le disent depuis des mois… écoutez-les !].
Pour améliorer la situation RH, Sopra Steria se dote d'une enveloppe significative pour 2025 qui sera renouvelée sur plusieurs années : « Il faut faire briller les yeux de nos collaborateurs » [bien sûr pas de monnaies sonnantes et trébuchantes pour les salariés… trop facile].
Pour Éric Pasquier, il est nécessaire de construire le projet Sopra Steria et de définir ses axes majeurs [même discours tous les ans]. Depuis 2022, nous avons modifié notre gouvernance [Pierre Pasquier est toujours aux manettes, où est le changement ?].
L'approche Grands Comptes reste la meilleure stratégie, avec la concentration des verticaux et la primauté de la relation client [et les salariés dans tout cela ?]. Des valeurs tellement fortes qu'elles nous permettent de constater que notre modèle RH « coûte cher et ne répond pas à toutes les questions » [il ne faudrait que les salariés se sentent trop bien et restent ?!].
Les objectifs 2028 de Sopra Steria ? 50% de l'activité dans les Next Gen [on reprend la vieille stratégie de 2017 (30%) et on l'actualise en 2025].
Sopra Steria a commencé à se transformer, avec par exemple, les Services Financiers avec des décisions prises qui seraient les bonnes, même si elles sont difficiles [refrain connu, les mauvaises années pas d'augmentation et les bonnes années il faut épargner pour les mauvaises années].
Pour Pierre Pasquier, la situation du Groupe Sopra Steria est sur le fil, c’est une époque de changement avec de nombreuses possibilités, mais aussi des risques. Il reprend l’analyse d’Eric Pasquier et précise que pour les métiers du Run (DPS), il faut déployer le modèle de la Norvège en France [késako]. La mise en place d’adjoints des DA fait défaut. La population de Sopra Steria est vieillissante avec un suivi de l’âge mois par mois qui est réalisé en COMEX [surprenant de suivre l’âge comme le cours de la bourse]. Et GPTW nous indique que la relation managers/managés n’est pas bonne. Ce qui, pour Pierre Pasquier, avec le constat des formations des managers supprimées, élimine le partage des bonnes pratiques.
Jour 2 : La carotte après le bâton
Hervé Forestier dresse le bilan de l'année 2024 pour Sopra Steria France. Malgré une décroissance notable, l'entreprise peut se targuer d'être la seconde ESN française, première sur les Services Publics et la Défense, avec la confiance de 27 grands clients.
Pour 2025, la stratégie est claire : conquête et transformation, avec comme récurrence « Business, business et business » [version low-cost de Danton : de l’audace, encore de l’audace, toujours de l’audace]. L'objectif est de stabiliser l'activité au premier semestre et retrouver la croissance au second. La feuille de route prévoit de pousser les métiers du RUN, du Conseil et de l'Intégration, en simplifiant les processus et accélérant la prise de décision [rien de nouveau].
Le leitmotiv reste : « maintenir l'excellence du delivery, mais savoir également prendre des risques en les assumant » [c’est possible ça ?]. Le recrutement de 2 700 personnes est programmé, visant à rajeunir légèrement la pyramide des âges [encore cette pyramide], avec l'ambition de faire passer l'âge moyen de 38,2 à 37,7 ans [soyons clairs, on vire les vieux et on les remplace par des jeunes].
Les objectifs complémentaires incluent l'obtention de 2 000 certifications dans les Next Gen [pendant les week-ends], la professionnalisation des chefs de projet [ce n’est pas déjà le cas ?] et une féminisation attendue des équipes de management [toujours demain !].
Ce qui est sûr, c’est qu’ils ont tous bien accordé leurs violons… :
- Les RH,ça ne va pas,
- La Pyramide des âges, ça ne va pas,
- Et les risques, il faut les assumer… mais sans déraper, sinon ça n’ira pas,
Et, et, et,... l’IA, les Next Gen vont tous nous sauver !
Et les contradictions, on en parle ?
- L'année a été mauvaise, Sopra Steria félicite les équipes
- Sopra Steria dit qu’il faut « penser global », mais "agir local"
- Sopra Steria veut des « talents », mais sans augmenter les salaires
- Sopra Steria demande de « prendre des risques », mais avec "excellence dans le delivery"
- L‘Index de confiance de GPTW est en chute libre, mais c'est la faute des managers qui ne suivent pas leurs formations
- On parle de « projet humain », mais on surveille l'âge des salariés comme le cours de la bourse !?
Pas de doute, l’entreprise a des génies de la communication. Il faudrait peut-être demander à l'IA générative de leur préparer leur discours… voire plus si affinités.