Le CSE
était consulté sur la situation économique et financière de Sopra Steria Group.
L’avis proposé
par certains élus était trop complaisant avec la direction, notamment concernant
la mise en place de l’intelligence artificielle et le programme We Share. Pire,
l’avis ne s’inquiète que du tiers des salariés les mieux lotis (avec parts variables
ou pouvant s’offrir des actions).
L'avis proposé par la CFDT :
"Sur la Consultation sur la situation économique et financière de 2024, la CFDT et les élus CFDT Sopra Steria Group expriment un avis résolument négatif en raison de multiples manquements et décisions préjudiciables aux intérêts des salariés. Cet avis s’appuie sur une analyse rigoureuse des données fournies par Sopra Steria au cabinet TRINÔME, mandaté par le CSEE SSG. Il met en lumière des choix stratégiques et financiers qui fragilisent la situation des salariés tout en favorisant outrageusement les actionnaires.
La CFDT et les élus CFDT constatent que l'entreprise perçoit de l'argent avec les
impôts au lieu d'en verser. En effet, l'optimisation du crédit d'impôts, et la
récupération d'une aide notable avec le crédit impôt recherche (CIR) permet à
l'entreprise de dégager un bénéfice net de 17M€ tout cela malgré ses bons
résultats et le versement de dividendes.
La CFDT et les élus CFDT sont choqués que cet argent ne serve pas au partage avec les salariés mais tout simplement à racheter des actions, verser des dividendes et augmenter les dirigeants (100 000€ d'augmentation cette année pour le DG).
Les augmentations, bien trop dérisoires (moins d'1,69% d'augmentation en 2025, la plus faible depuis au moins 15 ans), constituent une dévalorisation du respect et du travail des salariés. Alors que la marge opérationnelle atteint son plus haut niveau sur cinq ans, l’entreprise disposait des ressources nécessaires pour revaloriser les salaires, mais elle préfère accorder des augmentations insignifiantes. En sus, le fait de différer des augmentations salariales de janvier à juillet 2025, représentant une économie de 6,5 M€ pour l’entreprise, est un choix supplémentaire de ce mépris. Tous cela pèse directement sur le pouvoir d’achat des salariés. Ces mesures, dans un contexte d’inflation cumulée de 12,1% entre 2021 et 2024 rajoutent au sentiment de déclassement vécu par les salariés Sopra Steria Group. La CFDT condamne vertement ces décisions qui sacrifient les intérêts des salariés au profit d’une rentabilité financière à court terme.
L’entreprise réalise également des économies substantielles au détriment des télétravailleurs. L’indemnité de télétravail, fixée à 20€ par mois (3 fois inférieure au montant de référence de l’URSSAF) représente un coût annuel d’environ 3 M€. Parallèlement, elle économise plus de 10 M€ par an grâce à la réduction des coûts immobiliers, dont 7,6 M€ en Île-de-France. Ce gain, réalisé sur le dos des salariés en télétravail, n’est pas réinvesti pour améliorer leurs conditions ou compenser leurs frais réels (électricité, internet, matériel). La CFDT et les élus CFDT jugent cette situation scandaleuse et exigent une indemnité de télétravail revalorisée pour refléter les coûts réellement supportés.
Le rapport met également en évidence une gestion des effectifs préoccupante. Malgré la stabilité des effectifs productifs en 2024, la réduction continue de la sous-traitance accroît la surcharge de travail des salariés, sans amélioration notable des conditions de travail. De plus, le recul des effectifs x-shore à 15% reflète une dépendance accrue aux filiales à bas coûts, ce qui fragilise les emplois locaux et limite les perspectives de carrière en France.
Enfin, la CFDT s’indigne de la priorité accordée aux actionnaires, illustrée par le programme de rachat d’actions de 150 M€ et le versement de 96 M€ de dividendes. Ces choix contrastent avec l’absence de mesures concrètes pour améliorer les conditions salariales et sociales des salariés. Avec une dette nette réduite à moins de 400 M€ et un excédent de trésorerie de 231 M€, l’entreprise dispose de marges financières conséquentes pour récompenser ses salariés, ce qui est manifestement négligé.
Face
à ces constats, la CFDT et les élus CFDT CSE SSG émettent un avis négatif sur
la situation économique de l’entreprise, qui reflète une stratégie privilégiant
systématiquement les actionnaires au détriment des salariés, véritables moteurs
de la performance de Sopra Steria Group.
Le dialogue social doit être rééquilibré pour répondre aux attentes légitimes des salariés."
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