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lundi 28 février 2022

Laurent Berger : les dirigeants d'Orpéa « sont des salopards qui devront payer cher », ceux des entreprises aux profits 2021 records « devront rendre », notamment la part que leurs gains doivent à la solidarité !

 Retrouvez l’article de la Tribune :

https://www.latribune.fr/economie/france/orpea-les-responsables-sont-des-salopards-laurent-berger-cfdt-904395.html



« Les entreprises qui ont révélé des profits 2021 records « devront rendre », notamment la part que leurs gains doivent à la solidarité de l'État et des pouvoirs publics dans la gestion de la crise. » (Laurent Berger, CFDT)

 

L'actualité politique, économique et sociale ne manque pas de sujets questionnant l'éthique. Laurent Berger, secrétaire général de la CFDT, s'exprime sur deux d'entre eux, brûlants : Orpea et les entreprises qui ont révélé des profits 2021 records. Ses mots, d'une rage inhabituelle, traduisent une immense colère : les dirigeants du groupe de maisons de retraite « sont des salopards qui devront payer cher », ceux des secondes « devront rendre », notamment la part que leurs gains doivent à la solidarité de l'Etat et des pouvoirs publics dans la gestion de la crise. »

 

Extrait :

Autre sujet éthique épineux pour certains : en 2021, les cinq principales banques françaises ont cumulé 31 milliards d'euros de résultats nets, TotalEnergies a atteint 16 milliards de dollars de profits, et le bénéfice consolidé des entreprises du CAC 40 a tutoyé les 140 milliards d'euros. Ces résultats historiques ont été obtenus « notamment » parce que l'Etat et l'Europe ont soutenu l'économie et le social - et pendant qu'une grande partie de la France était plongée dans les drames, aussi bien humains qu'entrepreneuriaux. Concernant TotalEnergies, on ajoutera que ce succès résulte dans sa grande majorité de son activité dans les hydrocarbures, et intervient au moment où la crise du coût énergétique affecte durement le pouvoir d'achat des Français. Y a-t-il là un sujet éthique profond ?

Voilà la preuve que nous sommes au bout de la logique du capitalisme débridé. Ce n'est plus supportable et donc ce n'est plus tolérable. Ces deux dernières années, à quoi l'économie doit-elle d'avoir survécu ? A la puissance publique et ses nombreuses aides, aux impôts, à l'investissement des travailleurs, à la mobilisation du monde associatif comme à celle des partenaires sociaux (accords APLD pour maintenir l'emploi, etc.). Personne ne peut oser le nier. Et c'est ainsi que l'économie se porte bien mieux qu'on pouvait le redouter. Maintenant, il faut rendre. Ces entreprises doivent rendre. Comment ? De trois manières. D'abord, une plus juste répartition de la richesse via des négociations salariales de branches exigeantes. Quand je vois certaines de ces entreprises (Auchan, Bonduelle, etc.) accumuler d'immenses profits et concéder des miettes aux salariés, cela me révulse.

D'autre part, l'État doit maintenant s'engager dans une véritable conditionnalité des aides publiques - notamment au maintien et au développement de l'emploi de qualité -, dans une véritable répartition de la richesse, et dans une véritable bascule en faveur de la transition écologique. Et il faut appliquer un contrôle social aux aides versées. C'est ce que la CFDT propose à travers l'avis conforme du CSE (comité social et économique) ; les représentants du personnel doivent pouvoir s'assurer que les aides versées ont été justement utilisées.

Enfin, les entreprises doivent adopter des règles d'éthique bien plus strictes. Et en premier lieu abandonner le principe, insupportable, d'optimisation fiscale. Rappelons à quoi elle sert en priorité : soustraire aux salariés une partie de la richesse créée pour la convertir en dividendes. La fiscalité doit, aux fins de cette meilleure répartition de la richesse, être refondue autour de deux axes : un meilleur partage au sein de la chaîne de valeur - en faveur par exemple des sous-traitants - ; et aligner la taxation des revenus du capital sur celle des revenus du travail. Cette mesure est capitale, si on veut donner à la fois au travail sa juste valeur et au capital sa simple valeur.

Denis Lafay


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