Fabulation : La Direction, le Salarié et le télétravail

Fable de Gens De la Défense

        Un Salarié, effectuant son dur labeur depuis bientôt 15 mois chez lui, demandait à la Direction de lui rembourser quelques suppléments de frais.

« Hé oui Maître, du chauffage supplémentaire, des cartouches d’encre, des hubs, tout cela grève mon budget mensuel ».

« Que nenni ! » lui répond la Direction, « je ne suis nullement à l’origine de cette pandémie et ne peux donc accéder à ta demande, voici quelques piécettes (15€) pour couvrir quelques frais, et reconnais donc que je suis grand seigneur ».

Le Salarié, toujours prompt à aider sa société, accepte cette aumône et se remet à sa tâche dans des conditions, quelques fois très difficiles.

Pendant ce temps, la Direction, gonflée de ces économies, s’empresse de rémunérer grassement sa cour.

Puis, vient le temps de réfléchir à se séparer d’une partie de ses locaux, puisque ses corvéables salariés font très bien leur travail depuis leur propre chez-soi. Mais chut… Il ne faudrait pas qu’ils quémandent leur dû ! Et la Direction de brûler quelques cierges pour que la pandémie dure encore un peu…

Las ! La pandémie décroît, le gouvernement annonce les retours sur site possibles dès le mois de juin !

Zut Zut et Rezut, la Direction se retrouve bien embêtée. Dépourvue de locaux ou presque, pas de solution avant 2022 pour SSG, et même jusqu’en 2023 pour SHRS et SBS.

Pas de panique, faisons-leur croire que c’est toujours à leur demande que les salariés font du télétravail, il ne faudrait pas qu’ils leur viennent l’idée de redemander plus de sous ! 

« Ces bureaux à la Défense, vous ne les aimiez pas ! », clame la Direction, « c’est pour votre bien-être que l’on en cherche d’autres.

Donc chers salariés, accepter de faire du télétravail encore quelque mois, à votre convenance bien sûr, s’il vous venait l’envie de revenir on vous trouvera une place quelque part !

Mais franchement n’êtes-vous pas mieux chez vous, même gratuitement ? »

Voilà comment la Direction embobine le Salarié en lui laissant croire qu’il est maitre du jeu ! Mais a-t-il le choix des jours de télétravail dans la rotation imposée ?  A-t-il le choix du nombre de jours dans le planning imposé ?  A-t-il le choix du lieu de retour si besoin ?

« Fi ! », répond la Direction, « Mauvais joueurs que vous-êtes, n’est-ce pas vous qui demandez du télétravail depuis des années ? Alors maintenant que vous pouvez en faire, que voulez-vous de plus ?

Quelle ingratitude envers la main qui vous nourrit ! »

Le Salarié, encore une fois, fera surement contre mauvaise fortune bon cœur, en espérant des jours meilleurs au prochain cycle d’augmentation. En attendant, la Direction se frotte les mains, encore plus de pécule pour les actionnaires et autres « grands » managers, que l’on ne voit plus beaucoup.

Si ces quelques lignes n’étaient qu’une fable, la morale pourrait être « Rien que vous ne pourriez faire pour votre entreprise ne saurait toucher votre Direction, un travail c’est déjà bien, demander plus serait une offense ».

Mais ce n’est pas une fable, c’est la réalité soprasienne…

que la CFDT dénonce chaque jour.