Stratégie Sopra Steria,
Stratégie du mime, sans moyen !
Le commencement :
Lors du CSE Central extraordinaire du 11 janvier
2024, un seul point inscrit à l’ordre du jour : le lancement de la
consultation sur la stratégie de Sopra Steria pour les 3 prochaines années.
Après une présentation par Pierre Pasquier, il faut
retenir l’entrée de Sopra Steria dans une phase de consolidation après une
année 2023 fructueuse en croissance externe (rachat de CS, Tobania et Ordina
pour les plus importantes).
Petits points qui vont prendre de leur importance,
Pierre Pasquier indique qu’il ne faut pas toucher à SBS (cette filiale doit
continuer à vivre) et n’évoque pas le sujet de la modification de la limite
d’âge au Conseil d’Administration.
Point principal, la stratégie se résume à suivre,
avec un peu de retard, nos principaux concurrents en engageant une reconversion
vers l’IA, le Cloud , … Tout cela sans réel moyen, en demandant aux
salariés un investissement sur leur temps personnel en particulier pour leur
formation et leur maintien d’employabilité.
Les élus du CSE Central ont voté une expertise sur
la stratégie proposée par la direction.
La surprise :
La direction convoque ensuite le CSE Central en
réunion extraordinaire le 21 février, puis le 8 mars, pour annoncer la vente de
notre filiale SBS (celle que nous ne devions pas toucher) à notre société
cousine Axway.
Sans changement de la stratégie de Sopra Steria !
Pour la direction, la vente de la partie éditions
de SBS ne modifie pas la stratégie de Sopra Steria, mais au contraire la
conforte.
Mais en réalité, il ne s’agit pas que d’une simple vente,
mais d’une scission de SBS en deux blocs. Les services rejoignent SSG et
l’éditions est cédée à Axway.
En parallèle, la société Axway actuellement contrôlée
par GMT (~20%) et SSG (~35%), va évoluer lors de l’opération vers un contrôle
par la holding (GMT à ~40% et SSG à ~11%).
La direction fait une distinction entre un pôle édition
(solution clef en main avec peu de customisation et intégration) composé
d’Axway et du nouveau SBS ; et le reste des filiales, SSG (intégration et
conseil), Real Estate, Sopra Solution, SHRS (customisation et intégration) et
I2S (intégration et support).
Les élus du CSE Central ont voté une nouvelle
expertise pour étudier le projet de la direction.
L’avis du CSE Central sur la stratégie
Sopra Steria :
Lors du CSE Central extraordinaire du 10 avril, les
élus du CSE Central ont voté à l’unanimité l’avis suivant :
Au regard des informations transmises par la Direction et du
rapport de l’expert mandaté par ses soins, le CSEC émet l’avis motivé
suivant :
La stratégie business du Groupe est cohérente avec
l’évolution du marché mais elle est très ambitieuse. En effet, celle-ci
nécessite :
De rattraper le retard sur les activités Next-Gen sur
lesquelles les grands acteurs du marché continuent de fortement investir,
notamment sur l’IA ;
De réussir la transformation du modèle opérationnel afin de
devenir un acteur plus global, ce qui constitue un profond changement culturel
pour le groupe et pourrait fragiliser l’activité de proximité, principal
différenciateur sur le marché ;
De continuer d’améliorer le niveau de performance afin de
sécuriser l’indépendance du Groupe.
Face à ces enjeux critiques, on peut penser que les moyens RH
mis en place ne seront pas suffisants.
A l’heure où l’IA générative va impacter tous les métiers du
Groupe et qu’il est nécessaire de rattraper notre retard en termes de
compétences Next-Gen, les moyens de formation ne sont pas attendus en hausse en
2024 ;
L’enjeu des moyens de formation est d’autant plus critique
que le nombre de recrutements, le suivi des seniors, autres
leviers pour accompagner la transformation des compétences, sera en recul,
traduisant la volonté de la Direction de ne plus faire croitre les effectifs en
France ;
De plus, l’outil de gestion des compétences, jugé critique
pour rentrer pleinement dans une démarche GEPP cohérente, ne devrait pas être
totalement déployé avant fin 2025 ;
Le passage d’une organisation
hiérarchique à une organisation matricielle sans aucune évaluation de l’impact
RH.
Ainsi, les élus du CSEC demande à la Direction de répondre
aux questions suivantes :
Suite à la volonté de la Direction de se séparer de ses
activité Software et de passer dans un modèle opérationnel qui fragilise
l’activité de proximité, quels sont les différentiateurs de Sopra Steria sur le
marché ?
Quelle est l’organisation cible du pôle France et par quelles
étapes ?
Quelle est la stratégie X-shore que la Direction souhaite
déployer et quels sont les impacts identifiés pour les salariés en
France ?
Enfin, les élus du CSEC émettent les vœux suivants :
D’avoir un point d’avancement semestriel sur le projet de
référentiel de compétences
Que la Direction explique son plan d’action pour sécuriser la
gestion de proximité des salariés au sein du pôle France, qui bascule dans un
modèle qui pourrait le fragiliser
Que la Direction fasse un suivi des actions mises en place
pour les emplois sensibles identifiés par les observatoires
Que la Direction vienne présenter au CSEC son plan
stratégique 2025-2027 en amont du capital market day prévu en décembre 2024
Que la Direction fasse un suivi des actions mises en place pour les emplois
actuellement stables mais en forte transformation à court et à moyen terme 🡺 productifs et structures
Le CSEC demande à être informé du résultat de la réflexion stratégique sur
le devenir des produits SHRS, les produits RealEstate,
sur le Cloud et l’intelligence artificielle, s’inscrivant dans les orientations
stratégiques
Cela dit, dans sa présentation des orientations stratégiques,
il manque la prise en compte de la cession de SBS à Axway.
Ce projet aura pourtant un impact considérable sur l’activité
et l’avenir de Sopra Steria.
En outre les élus notent une fois de plus que les profits de
l’entreprise sont essentiellement dédiés à récompenser les actionnaires
écartant de fait les salariés de la vie de l’entreprise.
De l’avis des élus, une stratégie qui ne
considère pas les salariés comme des partenaires mais comme une simple
ressource ne peut pas être pérenne.
Conclusion
En conséquence, si dans la composante business la stratégie
semble cohérente, les élus du CSEC émettent un avis négatif relativement aux
orientations stratégiques proposées par la direction car présentant des risques
sociaux importants sans moyen associé pour les prévenir.
En conclusion :
La CFDT est en attente du rapport d’expertise sur
la scission SBS pour finaliser son avis.
Cependant, plusieurs points interpellent et nous
inquiètent :
·
Le document codifiant les relations entre Sopra
Steria et Axway est toujours dans les limbes,
·
Le report de la limite d’âge au Conseil d’Administration
à 95 ans,
·
Un des fils de Pierre Pasquier est membre du Conseil
d’Administration de Sopra Steria,
·
L’autre fils est membre du Conseil
d’Administration d’Axway.
La scission/cession de SBS vient percuter la
stratégie présentée.
Celle-ci ne s’apparente-t-elle pas à une opération
de transmission de patrimoine, au détriment des salariés de Sopra Steria ?
Merci
pour votre attention, bonne journée à toutes et tous !
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